Qu’est-ce qu’ils auraient été félicités, encensés, par tous, sans couac, sans réserve, ces vaillants garçons, ces stratèges assez ébouriffants, s’ils avaient été mener leur flamboyante opération anti-israélienne à partir de Gaza, ou, mieux, à partir de la Syrie et du tranquillissime Golan (en profitant évidemment de l’occasion pour libérer, avec le même enthousiasme, les dizaines de prisonniers libanais qui continuent de croupir ou de mourir dans les geôles syriennes). Qu’est-ce qu’ils auraient pu être fiers, ces combattants de la bonne cause, ces dirigeants hezbollahis, s’ils avaient mutliplié leurs kidnappings, cette fois de bonne guerre, mais en évitant juste d’y inclure la totalité de leurs compatriotes, l’ensemble du peuple libanais.
Parce que là, il n’y a vraiment pas de quoi bomber le torse ou quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs ; là, c’est indécent. Un bon œil, commentant hier la prestation télévisée d’un Hassan Nasrallah qui semble désormais totalement déconnecté des réalités, des besoins et des urgences du Liban, a eu cette phrase géniale, ce slogan publicitaire énorme : L’arrogance tranquille. Le patron du parti de Dieu a sans doute besoin de prendre, comme tous ses compatriotes, hommes politiques, dignitaires religieux ou simples citoyens, quelques jours de vacances : un peu de soleil, de mer, de calme, de sérénité, de vitamine C, ne peuvent faire de mal à personne. Au contraire.
Répéter chaque treize du mois que le Hezbollah bafoue sans discontinuer la fondamentale notion d’État, cela commence à être totalement fatigant. Répéter chaque treize du mois que le Hezbollah n’entend visiblement pas s’intégrer le moins du monde dans le tissu sociopolitique libanais, dans le sens qu’il n’entend aucunement renoncer, comme toutes les autres fractions l’ont fait, à ses mortels privilèges, cela commence à être totalement fatigant. Répéter chaque treize du mois que le Hezbollah jette le Liban dans l’illégalité internationale, cela commence à être totalement fatigant. Répéter chaque treize du mois que le Hezbollah ne peut plus se permettre de jouer un jeu aux règles fixées par Téhéran et Damas, cela commence à être totalement fatigant.
Mais, dans tous les cas, moins, mille fois moins fatigant que ce qui a été fait hier. Et c’est là tout le malheur, toute la malédiction d’une race – oui : une race, la libanaise –, obligée, à chaque fois qu’elle pense pouvoir vivre, de recommencer à se cacher pour survivre.
En jouant au bras nucléaire de la Syrie et de l’Iran contre Israël à partir du sol libanais ; en volant au secours du Hamas au lieu d’aider au sauvetage de l’économie libanaise, du tourisme libanais, des spécificités libanaises ; en autorisant les milliards de dollars de pertes et, bien plus inestimables encore, les morts et les blessés ; en compromettant les festivals et la culture ; en offrant sur un plateau d’or aux bouchers israéliens la chance de détruire ce qu’il y a de plus symbolique dans ce pays-mosaïque : les ponts, surtout ceux qui relient ce cher, si cher Sud au reste du pays ; en hypertrophiant sa place sur l’échiquier régional comme il l’a fait hier, en gigantisant son volume proche-oriental, le Hezbollah a proportionnellement nanisé son poids local. De l’intérieur, aucun parti désormais ne divise autant que celui de Hassan Nasrallah, aucun parti, paradoxalement, n’est plus aussi réduit à se défendre, à justifier ses options, à multiplier, fort de son privilège arsenal, les mises en garde qui sonnent comme autant d’inacceptables menaces. Passer aussi vite du magnifique statut de fédérateur à celui, bien moins glorieux, bien plus pernicieux, de fédéralisateur, voilà une bien curieuse anamorphose, une bien malheureuse évolution.
« Mais, aujourd’hui, l’heure est à la solidarité. Je demande aux Libanais d’agir avec responsabilité et j’espère que personne ne se comportera d’une façon qui pourrait servir de couverture à Israël. » Cette leçon d’un homme qui, visiblement, aurait pu faire rougir ces stratèges géniaux qu’étaient Napoléon et Hannibal, aurait été superbe si Hassan Nasrallah avait eu la bonne idée de l’appliquer avant que de l’administrer.
Parce que là, il n’y a vraiment pas de quoi bomber le torse ou quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs ; là, c’est indécent. Un bon œil, commentant hier la prestation télévisée d’un Hassan Nasrallah qui semble désormais totalement déconnecté des réalités, des besoins et des urgences du Liban, a eu cette phrase géniale, ce slogan publicitaire énorme : L’arrogance tranquille. Le patron du parti de Dieu a sans doute besoin de prendre, comme tous ses compatriotes, hommes politiques, dignitaires religieux ou simples citoyens, quelques jours de vacances : un peu de soleil, de mer, de calme, de sérénité, de vitamine C, ne peuvent faire de mal à personne. Au contraire.
Répéter chaque treize du mois que le Hezbollah bafoue sans discontinuer la fondamentale notion d’État, cela commence à être totalement fatigant. Répéter chaque treize du mois que le Hezbollah n’entend visiblement pas s’intégrer le moins du monde dans le tissu sociopolitique libanais, dans le sens qu’il n’entend aucunement renoncer, comme toutes les autres fractions l’ont fait, à ses mortels privilèges, cela commence à être totalement fatigant. Répéter chaque treize du mois que le Hezbollah jette le Liban dans l’illégalité internationale, cela commence à être totalement fatigant. Répéter chaque treize du mois que le Hezbollah ne peut plus se permettre de jouer un jeu aux règles fixées par Téhéran et Damas, cela commence à être totalement fatigant.
Mais, dans tous les cas, moins, mille fois moins fatigant que ce qui a été fait hier. Et c’est là tout le malheur, toute la malédiction d’une race – oui : une race, la libanaise –, obligée, à chaque fois qu’elle pense pouvoir vivre, de recommencer à se cacher pour survivre.
En jouant au bras nucléaire de la Syrie et de l’Iran contre Israël à partir du sol libanais ; en volant au secours du Hamas au lieu d’aider au sauvetage de l’économie libanaise, du tourisme libanais, des spécificités libanaises ; en autorisant les milliards de dollars de pertes et, bien plus inestimables encore, les morts et les blessés ; en compromettant les festivals et la culture ; en offrant sur un plateau d’or aux bouchers israéliens la chance de détruire ce qu’il y a de plus symbolique dans ce pays-mosaïque : les ponts, surtout ceux qui relient ce cher, si cher Sud au reste du pays ; en hypertrophiant sa place sur l’échiquier régional comme il l’a fait hier, en gigantisant son volume proche-oriental, le Hezbollah a proportionnellement nanisé son poids local. De l’intérieur, aucun parti désormais ne divise autant que celui de Hassan Nasrallah, aucun parti, paradoxalement, n’est plus aussi réduit à se défendre, à justifier ses options, à multiplier, fort de son privilège arsenal, les mises en garde qui sonnent comme autant d’inacceptables menaces. Passer aussi vite du magnifique statut de fédérateur à celui, bien moins glorieux, bien plus pernicieux, de fédéralisateur, voilà une bien curieuse anamorphose, une bien malheureuse évolution.
« Mais, aujourd’hui, l’heure est à la solidarité. Je demande aux Libanais d’agir avec responsabilité et j’espère que personne ne se comportera d’une façon qui pourrait servir de couverture à Israël. » Cette leçon d’un homme qui, visiblement, aurait pu faire rougir ces stratèges géniaux qu’étaient Napoléon et Hannibal, aurait été superbe si Hassan Nasrallah avait eu la bonne idée de l’appliquer avant que de l’administrer.
Ziyad MAKHOUL dans L'Orient Le Jour ce matin
2 commentaires:
au début j'ai cru que c'est toi qui avait écrit ce texte mon Youyou... mais je suis intimement persuadé que chacun de ces mots résonnent dans ton coeur. Je suis infiniment peiné. J'aimerais moi aussi tant entendre un jour un Libanais vraiment confiant en l'avenir...
pardon de mon ignorance mais pourquoi le 13 de chaque mois ?
Enregistrer un commentaire