Le 21 mai 2006 j'avais écris le post suivant. Il me semblait judicieux de le ressortir des archives de ce blog après le vote de l'assemblé nationale qui a validée le texte de loi par 106 voix contre 19.
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Je me demande parfois ce qui passe par la tête de nos députés chéris. Après la magnifique polémique sur les bienfaits de la colonisation voilà qu'ils nous remettent ça. Jeudi était discuté à l'Assemblé une proposition de loi socialiste qui pénalise d'un an de prison tout déni du génocide arménien. Mais ces même députés ne nous avaient-ils pas jurés qu'ils avaient appris la leçon de cette bourde sur la colonisation, ne nous avaient-ils pas jurés "croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer" qu'on ne les y reprendra pas à légiférer sur les questions historiques?Alors pourquoi cette proposition de loi?
Les socialistes ont ils proposés cette loi pour glaner les voix des 400,000 français d'origine arménienne? Cette loi a été débattu, mais il faut noter que le vote a été remis à plus tard, probablement courant Novembre. Ce report est-il dû à un sursaut d'intelligence de la part du président de l'Assemblée nationale ou est-il motivé par le fait que cette loi pourrait entraîner la perte des voix des français d'origine turque ou de l'ensemble de la communauté musulmane?
Pour peu que je sois cynique je pourrais assimiler cette proposition de loi, et le simili débat autour d'elle, à un jeu purement politique motivé par de vulgaires arrière-pensées d'élus en quête de voix. Si cette loi passe à quand une demande de reconnaissance des Vendéens pour leur génocide par la jeune république? A quand une demande de l'église catholique pour qualifier de génocide tout acte sexuel avec préservatif (imaginez tous ces millions de spermatozoïdes finissant dans un cercueil de latex au fond de la poubelle)? A quand une loi, sous la pression du très puissant lobby mongole, instituant le statut de saint à Attila?
Je ne remets pas en cause le génocide arménien par l'empire Ottoman, d'ailleurs celui-ci est reconnu par une loi française de 2001. Je dis juste qu'une telle loi aurait comme conséquence de voir des historiens passer au tribunal dès lors que leurs travaux remettent en question un fait, non pas pour le nier mais pour le resituer dans son contexte historique, apporter un éclairage dessus ou tout simplement l’approfondir. Autre détails important, il est intéressant de noter que les intellectuels turcs sont aussi opposés à cette loi. Et les intellectuels dont je vous parle sont ceux qui ont brisés le tabou, ceux qui ont organisés en septembre la première conférence en Turquie où on a parlé ouvertement du caractère génocidaire des massacres de 1915. Pour eux, cette loi rendra leu combat plus difficile. Ce qu'ils disent, en clair, c'est "mêlez-vous de ce qui vous regarde".
J'aimerais croire que nos représentants vont retrouver leurs esprits et laisser l'histoire au historien...mais j'en doute...je suis dubitatif...c'est pas un mot cochon dubitatif, ça ne veux pas dire éjaculateur précoce, ça veux dire que le doute m'habite...(Mr Desproges si tu nous lis ;) )
Enfin, voilà, allez have a nice day et Enjoy :)
7 commentaires:
salut,
je suis le premier a faire un commentaire (il ya une prime de fidélité ou pas?)
à quand remonte la derniére loi voté sans arriéres pensées électorale?tu n'en trouveras point.
je ne nie pas le génocide arménien pas on n'a pas à légiférer sur des questions historqiues. la liberté d'expression permet malheureusement d'entendre des stupidités mais c'est un droit sacré et il faut la respecter.
A+
Hello,
A l'approche de 2007, on va en voir de toutes les couleurs.
Sans remettre en cause le génocide arménien.
On pourrait aussi ajouter la "Pacification" malgache de 1947, 89000 personnes ont été massacré par la répression coloniale française... Je ne me rappelle pas l'avoir lu dans les livres d'histoire à l'école !
Enfin, bonne journée sur Terre…
Ciao.
bof... moi, depuis que mon deputé socialiste a acceuilli à bras ouvert une centaine de famille turcques dans ma capitale arménienne en france ...
je ne m'étonne plus de rien ;)
il faut laisser les historiens faire l'Histoire sinon ils vont se retrouver au chomage
Very pretty site! Keep working. thnx!
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I say briefly: Best! Useful information. Good job guys.
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@youri : ah, tu fais dans le recyclage de note ! :-)
Bon très bien, j'avais pas commenté la note en temps voulu donc je me rattrape maintenant !
Personnellement, je n'approuve pas ce projet de loi à la fois en tant que citoyen et en tant qu'historien.
Au passage j'insiste sur le terme "projet de loi" car l'Assemblée Nationale ne constitue que la première étape d'un processus encore long et incertain. Le gouvernement français, opposé à ce projet, peut refuser de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat ou faire en sorte qu'il ne soit pas inscrit sur cet ordre du jour durant l'hiver. La session parlementaire s'achèvera en février pour cause de campagne électorale présidentielle ; cela signifie que le parlement risque d'être relativement inerte pendant plusieurs mois. D'autre part, le Sénat peut refuser d'approuver le texte, étant donné que l'équilibre des partis y est différent de celui de l'Assemblée Nationale. Enfin si le texte est voté, le Président de la République peut refuser de promulguer la loi ce qui la rend nulle et non avenue.
Ce qu'il faut dire surtout, et qui est choquant, c'est que les députés qui sont contre, essentiellement à droie, ne sont pas venus voter. Cela explique le faible nombre de vote contre. Il faut rappeler qu'il y a quand même 577 députés ! On voit quand même le courage de ceux qui ne sont pas venus donner leur avis...
J'avoue aussi ne pas très bien comprendre pourquoi il y a une loi maintenant alors que le parlement français en a déjà voté une au même sujet en 2001. Quelle est la logique suivie ? Mystère...
Je ne crois pas que ces lois soient véritablement utile. Il serait à la rigueur plus utile que l'Etat verse de l'argent aux instituts scientifiques de recherche et laissent les historiens faire leur travail tranquillement. C'est aux historiens de souligner ce qui s'est produit en Arménie en 1915 et qui est, selon toute évidence, une élimination massive de la population arménienne vivant en Turquie à l'époque.
Les historiens ont le devoir de répondre aux silences des Etats et notamment de celui de Turquie qui ferme les yeux sur la réalité manifeste de ses actes.
Je voudrais encore souligner deux choses.
La première est qu'on aurait tort de vouloir défendre hâtivement la Turquie dans cette affaire car elle s'est elle même rendue coupable du vote en 2005 de l'article 301 du code pénal, article qui permet d'envoyer en prison toute personne "dénigrant la nation turque"... et les Turcs qui développent l'idée de génocide arménien sont ainsi visés par cet article du code pénal turc. Elle a donc beau jeu de se plaindre aujourd'hui. Certes il existe quelques vagues signes favorables du gouvernement à propos de l'ouverture de discussion sur la "question arménienne" mais une initiative étatique n'a qu'une valeur scientifique limitée, d'autant plus quand on connait les dispositions manifestes de l'Etat à propos de cette question.
On comprend mieux alors pourquoi certains disent "Mêlez vous de ce qui vous regarde". Un historien sérieux participe généralement à une oeuvre scientifique qui transcende les frontières et rassemble des chercheurs de divers pays. L'historien qui refuse que des historiens étrangers contribuent à l'étude d'un fait historique national dévoile de manière évidente qu'il tient à donner une lecture très partisane du fait historique en question. Il vaut toujours mieux que ce fait historique soit établi par des chercheurs venant d'horizon différents et celui qui refuse de se soumettre à ce principe suggérant aux autres d'aller voir ailleurs n'est certainement pas un historien très recommandable.
Le deuxième point est qu'il est très à la mode, pour attaquer ce projet de loi français inutile, de dire que la France ferait bien de s'intéresser à son propre passé. Oui le projet de loi est inutile mais il n'y a nul besoin d'employer un tel argument car la France s'intéresse aux pages noires de son histoire et bien mieux que la plupart des autres pays. Les historiens font leur travail librement en France. Ils ont d'ailleurs protesté contre la loi sur la colonisation dont on n'avait nul besoin ; l'opinion publique s'est d'ailleurs aussi élevée contre cette loi, preuve que la France est prête à regarder son passé au fur et à mesure que les historiens progressent dans ce domaine. Je rappelle - je l'ai déjà dit - que la France est l'un des pays les plus en pointe dans le domaine de la recherche historique sur les périodes les moins flatteuses de son histoire ; peu de pays acceptent autant que la France d'aborder notamment à l'école les thèmes de l'esclavagisme, du colonialisme, de la collaboration durant la seconde guerre mondiale. Dans la logique de bon nombre de pays et notamment de la Turquie avec son article 301 du code pénal, ce serait tout simplement de l'auto dénigrement et inconcevable tant il faut donner une image lisse de la nation ! Tous les jeunes qui sont passés par l'école française savent qu'on ne donne pas dans les cours d'histoire une image lisse de la nation, d'autant plus quand on se rapproche de notre époque.
La France est un pays où l'on peut travailler librement sur ces périodes noires de l'histoire sans risquer d'être traîné devant un tribunal pour traîtrise à la nation comme c'est le cas dans bon nombre d'Etat. Quant à la notion de génocide algérien, employée par le président Bouteflika dans son improbable politique de réconciliation nationale et reprise ces derniers jours par la Turquie qui projetait de voter un texte à ce propos, il faut souligner la fragilité d'une telle idée. Un génocide est une "destruction méthodique d'un groupe ethnique". Les Français ont commis en Algérie des répressions particulièrement sanglantes qu'il convient d'analyser avec toujours plus de précision ; ce processus est déjà bien engagé chez les historiens, notamment français, et depuis bien longtemps en réalité ; en tout cas, on peut difficilement dire que ces répressions sanglantes avaient pour dessein d'éliminer méthodiquement l'intégralité du peuple algérien. Il faut noter d'ailleurs que le système colonial ne peut fonctionner qu'avec la présence des "indigènes" qui constituent la force humaine indispensable à l'accomplissement des projets du colonisateur.
Bon voilà quelques réflexions que m'inspirent ce projet de loi et tout ce qui l'entoure actuellement.
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