Dans le cadre du Salon du Livre a eu lieu une conférence/hommage aux deux journalistes assassinés à Beyrouth, Samir Kassir et Gibran Tuéni. Cette conférence, modérée par Philippe Dessaint (TV5 Monde), réunissait Ghassan Salamé (ancien ministre et professeur à Science-Po Paris), Tarek Mitri (Ministre de la culture), Elias Khoury (auteur).
Hormis l’hommage émouvant et sincère aux deux journalistes du « Al Nahar » j’aimerais surtout revenir sur ce qui a été dit de la situation politique au Liban. Cette conférence devait permettre à la nombreuse audience libanaise présente au salon d’exprimer son inquiétude/avis sur l’avenir politique de notre pays.
On a pu entendre de la part du ministre une information qui pourrait se révéler cruciale dans les prochaines semaines : l’actuel président, Emile Lahoud, serait sur le point de donner sa démission. On ne peut que supposer que le fait que celle-ci ne soit pas encore publique s'explique par les probables tractations que notre (espérons le) futur ex-président mène afin de négocier sa démission en échange de non poursuites judiciaires pour trahison ou de je ne sais quoi encore.
Les Libanais présents dans la salle ont interpellés leur ministre au sujet des enquêtes sur la vague d’assassinat de 2005. Un membre du Courant Patriotique Libre a insisté sur l’importance de voir ces enquêtes aboutir au risque de « beaucoup décevoir ou alors… », la fin de la phrase sonnant comme une menace. Ensuite on a vu une succession diverse de « 14 Marsiens », de représentants d’associations diverses ou encore à nouveau le CPL ; chacun prêchant pour sa paroisse et expliquant oh combien ils oeuvrent pour la démocratie au Liban.
On a également entendu de la part de Ghassan Salamé un appel à la mise en place au Liban d’un véritable état civil, c’est-à-dire NON militaire, NON religieux, NON communautaire. Appel auquel je ne peux que joindre ma voix !
En clair, on a assisté à un très bel hommage à Samir Kassir et Gibran Tuéni. Mais celui-ci a vite cédé la place à un enchaînement d’introductions liminaires n’introduisant rien du tout ou alors des dires biens ambigus. En effet comment interpréter la menace à peine voilée de la part du représentant du CPL ? Doit-on interpréter la notion d’état «NON militaire » de Mr Tuéni comme une attaque contre le Général Aoun? Comment comprendre le ministre nous promettant que tout est fait pour résoudre les assassinats mais ne pouvant expliquer qu’il n’y ait toujours pas de juge d’instruction nommé pour diligenter l’enquête au sujet de l’assassinat de Gibran Tuéni ? Etc etc…
À nouveau j’ai vu des Libanais incapables de s’écouter entre eux, prêchant chacun pour sa paroisse. On se serait cru sur la place du marché à 11h du matin « Mon PARTI, qui veut de mon beau parti !!! un beau parti comme ça il faut pas laisser passer mon bon monsieur … »
Le Printemps Libanais n’a pas encore été mené à son terme mais allons-nous y arriver ? Pour citer Pierre Desproges «Le printemps c’est le grand chambardement de la vie, cela se MERITE, cela se PREPARE. On n’entre pas dans le printemps comme dans un moulin… ». Notre printemps à nous nous l’avons mérité mais pas préparé.
Enfin, voilà, allez have a nice day et Enjoy :)
3 commentaires:
Pourra -t- on jamais apprendre les leçons du passé afin d'arriver à tenir un discours homogène allant dans l'intêret du Liban? Verra -t-on pointer un jour le printemps d'un Liban rescucité?
Igloocha
heu les sous titres sont ou ??!!.?c'est dur le libanais quand meme ...
@Marsu:
Le Liban a toujours été, de part notre position géographique, le playground favori des diverses puissances régionales ou internationales. Tu cites très justement l'Iran et la Syrie. Mais il ne faut pas oublier que la Libye faisait mumuse chez nous il n'y a pas si longtemps par exemple ou que Henry Kissinger a déclaré en 75 que la fuite des chrétiens du Liban pouvait donner une bonne terre d'accueil définitive aux Palestiniens réglant ainsi l'épineux problème de notre voisin du sud. Henry Kissinger lauréat du Nobel de la Paix en 1973 d'ailleurs...ils sont marrants à l'académie nobel ;)
Donc oui, je ne peux que te suivre quand tu conclus qu'un de nos problèmes est la bienveillante ingérence de nos voisins.
Quand au problème du Hezb, je crois qu'il faut penser en terme de real politic dans ce cas là. Si on leur fournit une alternative à l'Iran et à la Syrie ils vont de fait se joindre au jeux démocratique au liban. Les exclure des discussions serait un grossière erreur qui entraînerait un schisme vrai et durable entre chiites et sunites/chrétiens/druzes. Mais je ne crois pas que l'on soit déjà à cet extrême là pour le moment.
Comme je suis intimement persuadé qu'on ne peux pas généraliser en disant que tous les chiites sont derrière le Hezb et donc en faveur de l'ingérence de notre cousin de l'est.
Donc pas de divorce pour le moment, comme on peu le voir en Iraq, mais la gueguerre Chiitites/Sunnites a atteint des sommets pendant la Guerre Civile et que si on n'oeuvre pas à offrir une alternative au Hezb on pourrait voir nos vieux démons resurgir.
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