23 janvier 2007

Liban: violences lors des manifestations d'opposition!

AP 23.01.2007 14:25

Des manifestants ont paralysé le Liban mardi, en brûlant notamment des pneus et des voitures à Beyrouth et dans les environs pour soutenir le mot d'ordre de grève générale lancé par l'opposition dans l'espoir de renverser le gouvernement de Fouad Siniora. Il y aurait plusieurs dizaines de blessés.
Dans certaines régions, partisans du gouvernement et de l'opposition se sont affrontés à coups de pierres et de poing; quelques coups de feu ont même été tirés. Plusieurs dizaines de blessés ont été signalés à Beyrouth, et la police faisait état de 25 blessés par balles, dont deux gardes du corps d'un homme politique proche du gouvernement, lors de heurts dans des villes du centre et du nord du pays.
Le principal dirigeant de l'opposition chrétienne, Michel Aoun, a affirmé sur la chaîne de télévision Al-Arabiya que sept membres de l'opposition étaient blessés. Au moins trois manifestants ont été blessés par balles dans la ville portuaire de Byblos, d'après le député d'opposition Abbas Ashem à Al-Arabiya. A Batroun, dans le nord, l'opposition a également annoncé que deux de ses partisans avaient été atteints par des balles.
L'opposition, qui manifeste régulièrement depuis deux mois contre le gouvernement, opérait par petits groupes pour tenir les barrages et bloquer des routes. A Beyrouth, de nombreux banlieusards étaient coincés chez eux et, dans certains quartiers, les commerces sont restés portes closes.
Les manifestants ont mis le feu à des pneus sur les routes principales au nord et au sud de Beyrouth ainsi que sur le périphérique de la capitale libanaise, dont le ciel était plombé par des nuages de fumée noire. Des soldats et les pompiers ont été appelés pour lever ces barrages routiers.
Dans tout le pays, des milliers de policiers et de soldats ont été déployés afin de séparer les deux camps en cas d'affrontements et de rouvrir les routes. Dans certains cas, la levée des barrages faisait l'objet d'une négociation, dans d'autres, les forces de sécurité ont chargé.
La route conduisant à l'aéroport international du sud de Beyrouth était bloquée, tout comme l'autoroute qui relie la capitale aux régions montagneuses, ainsi que celle qui mène à Damas, en Syrie, selon la télévision du Hezbollah. En revanche, l'aéroport continuait de fonctionner normalement malgré l'absence d'une partie des employés, d'après les autorités. Sept vols ont été annulés.
Pour les autorités, ces perturbations relèvent d'une tentative de coup d'Etat. "Cela fait partie du putsch. Cela va échouer comme dans le passé, et le gouvernement légitime du Liban va rester ferme", a lancé le ministre des Télécommunications Marouan Hamadeh sur Al-Arabiya.
De nombreux Libanais ne sont pas allés travailler, soit pour manifester leur soutien à la grève, soit par crainte des violences. Les responsables de certaines écoles ont envoyé des SMS aux parents pour faire savoir que les établissements resteraient fermés.
L'opposition libanaise dirigée par le Hezbollah chiite pro-syrien et pro-iranien avait appelé à la grève générale pour intensifier sa campagne destinée à faire chuter le gouvernement Siniora. Le parti islamiste exige la formation d'un nouvel exécutif de coalition où il posséderait davantage de poids. Proche de l'opposition, la fédération des syndicats libanais, forte de 350.000 adhérents, a elle aussi appelé à la grève générale, contre les projets de hausses fiscales.
Le bras de fer et les violences seront présents aux esprits mercredi et jeudi à Paris, où le Premier ministre Fouad Siniora doit déjeuner avec le président français Jacques Chirac et présenter à la presse les enjeux de la Conférence internationale de Paris sur le soutien au Liban prévue pour jeudi. AP

14 commentaires:

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
TUNISIENDOCTOR a dit…

RESUMé DE LA JOURN2E SANGLANTE
http://www.tayyar.org/galleries/events.htm

Anonyme a dit…

Dépèche reçue à 16h et quelques...
(AFP) - Fumées d'incendies, routes bloquées, détritus jonchant les rues, Beyrouth offrait mardi un spectacle de désolation à l'issue d'une journée de grève au cours de laquelle l'opposition a réussi à paralyser l'activité économique.
"Cela nous rappelle la guerre civile (1975-1990)", soupire Asma, qui regagnait en début d'après-midi son domicile à pied.
Dans un coin, des jeunes à peine sortis de l'adolescence rassemblent des pneus pour relancer l'incendie qui commençait à mourir. "Passez! Passez avant qu'on ne rallume!" crient-ils à deux voitures qui ont osé s'aventurer dans le secteur.
Des motocyclettes slaloment entre les colonnes de fumée acre, déposant de jeunes hommes qui viennent grossir les rangs des manifestants. Un peu plus loin,une épaisse fumée noire se dégage du tunnel Fouad Chéhab, l'un des principaux axes de Beyrouth.
Le mouvement a paralysé le pays, 48 heures avant une conférence d'aide internationale jeudi à Paris. La tension a vite dégénéré en affrontements entre partisans de l'opposition et ceux du gouvernement, qui ont fait environ 60 blessés, certains par balles.
Quelques téméraires, notamment les propriétaires des nombreux restaurants et cafés de la capitale, ont néanmoins insisté pour travailler comme d'habitude dans un pays au bord de l'asphyxie financière.
Dans un restaurant voisin, seuls des hommes sont attablés devant leurs plats de viande grillée, les yeux rivés au téléviseur qui retransmet en direct les images des incendies et des heurts.
Faute de clients, le propriétaire d'une mercerie, Hadi Melki, remet de l'ordre dans ses rayonnages. "Pour la première fois, je n'ai personne, même pas d'employés".
Dans la rue Bliss, le long de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), les voitures, qui circulent d'habitude au pas, pare-choc contre pare-choc, étaient absentes, laissant la chaussée aux quelques étudiants venus sur le campus.
Rues vides, rideaux de fer baissés, le spectacle était le même dans tous les quartiers de la capitale. Ceux qui avaient quand même osé aller travailler le matin tentaient de regagner leurs foyers quelques heures plus tard, mais se heurtaient souvent à des barrages de l'armée.
"Vous ne pouvez pas passer. Il faut faire demi-tour et essayer ailleurs", lance un soldat à un automobiliste dans le centre-ville de Beyrouth. Un épais nuage noir s'élève derrière lui d'un tas de pneus et masque les sommets enneigésdu Mont-Liban.

Roumi a dit…

@youyou : c'est bien triste tout cela... en plus c'est toujours le mardi que ça se passe ces trucs ; déjà la mort de Gemayel le jour de mon anniversaire... un mardi ! Ce jour est maudit !
Bon bref, il y a un truc qui m'a frappé dans ta note précédente, je cite : "Les deux blessés ont indiqué être des partisans du leader chrétien Michel Aoun. "
Alors là c'est comme si les gars se tapent dessus sans savoir qui ils sont et ensuite à l'hôpital on départage les deux camps : qui a fait le plus de blessés ? qui a fait des morts ?
"Monsieur... s'il vous plait... oui, je vois bien que vous allez mourir... je suis médecin... vous n'allez pas m'apprendre mon métier quand même... cependant, avant de rendre votre dernier soupir, auriez vous l'obligeance de m'indiquer à quel camp vous appartenez... pro Siniora ? pro Nasrallah ? pro Aoun ? C'est pas pour moi... c'est pour les statistiques ministérielles !"

Anonyme a dit…

Déjà, ce n’est plus les manifestations bon enfant des premiers jours. Là, le parti de dieu passe à la vitesse supérieure. C’est Nasrallah qui porte la responsabilité des six morts et des dizaines de blessés…

Nasrallah a ordonné le blocages des rues et a demandé une grève générale. Qu’est ce qu’il espérait ? Mais il y a des gens qui veulent aller travailler. Il a tout de suite compris qu’il a commis une énorme erreur et a demandé l’arrêt des manifestations.
Le vrai visage du Hezb prend forme de jour en jour. Lui, qui se targuait de ne s’occuper que de l’agresseur israélien et que la politique intérieure ne l’intéressait que peu…
Nasrallah a vite perdu la sympathie de la rue arabe après son obstination à vouloir, à tout prix prendre le pouvoir. Il ne fait que mettre son pays au bord de la guerre civile. Sans parler du désastre économique.…
Le jour où le Liban arrivera à se débarrasser de ce cancer qu’est le hezb, çà sera le début de la prospérité et de la stabilité.

Anonyme a dit…

http://oumma.com/spip.php?article2327

Anonyme a dit…

En voici un extrait :

Les dirigeants des grands pays occidentaux en phase terminale de leur mandat,en quête désespérée d’une sortie honorable.
Par René Naba
vendredi 26 janvier 2007


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Les dirigeants des grands pays occidentaux (France, Etats-Unis, Royaume uni), dans une conjoncture rarissime, se retrouvent quasi simultanément en phase terminale de leur mandat à la recherche désespérée d’un succès diplomatique à l’effet de redorer leur bilan terni par leurs échecs répétés tant en Irak, qu’au Liban qu’en Palestine en vue de rétablir une capacité dissuasive occidentale gravement compromise par les revers militaires américains en Irak et israéliens au Liban.

Sauf rebondissement, le président français Jacques Chirac achève son mandat en mai prochain sans avoir réussi jusqu’à présent à mettre sur pied le tribunal international chargé de juger les assassins de son ami l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, ni consolider la position gouvernementale de son successeur et disciple, le nouveau premier ministre Fouad Siniora, alors que, parallèlement, le premier ministre britannique Tony Blair s’apprête à lui emboîter le pas, cet été, affligé du qualificatif infamant et indélébile de « caniche » du président américain,

George Bush n’est plus, lui, que l’ombre de lui-même. Soutenant à bout de bras son allié israélien éclaboussé par ses déboires militaires au Liban et les scandales qui touchent les plus hauts sommets de l’Etat israélien (harcèlement sexuel, spéculation financière et corruption), le flamboyant chef de file de « l’axe du bien » mène un combat d’arrière garde pour échapper à l’opprobre national du fait de son aventurisme irakien.

Un succès, même minime de ces trois dirigeants en sursis, serait en mesure de leur assurer une sortie honorable de l’histoire. C’est dans ce contexte qu’il conviendrait de situer l’envoi de renforts de 21.000 soldats américains en Irak, le déblocage par Israël sous pression américaine de cent millions de dollars au président palestinien Mahmoud Abbas ainsi que la tenue, à Paris le 25 janvier 2007, de la conférence des pays donateurs du Liban.

Sous ce vocable pompeux se cache en fait une cruelle réalité : Les donateurs devraient en fait remédier à la gabegie de leurs protégés régionaux tant Libanais qu’Israéliens. D’un montant global de 40,6 milliards de dollars (30,8 milliards d’euros) représentant 180 pour cent du Produit national brut, la dette publique libanaise est principalement imputable à la politique corruptrice de spéculation immobilière initiée pendant ses dix ans de pouvoir par l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, grand ami de l’Occident, principalement du président français Jacques Chirac.

Cette dette s’est aggravée par les destructions infligées par Israël au Liban, l’été dernier, au cours d’une guerre encouragée tant par les Américains que par les Français, les principaux alliés du disciple de Rafic Hariri, le nouveau chef du gouvernement libanais Fouad Siniora et dont le coût s’est chiffré à près de cinq milliards de dollars (2,8 milliards de dollars de pertes dues aux destructions et 2,2 milliards de dollars de pertes indirects, selon le rapport officiel gouvernemental publie le 4 janvier 2007

a suivre

Anonyme a dit…

1) Décryptage des origines de la crise libanaise contemporaine :

Sur fond d’exaspération des crispations inter-communautaires chiites-sunnistes, accentuée par la piteuse pendaison de l’ancien président irakien Saddam Hussein, l’épreuve de force qui se déroule au Liban, avec en toile de fond l’enlisement américain en Irak et israélien en palestinien, ainsi que la montée en puissance de l’Iran, vise à éradiquer l’esprit de résistance dans le monde arabe en vue d’une « finlandisation » de la zone, sa neutralisation, au profit de l’axe américano-israélien et de leurs alliés pétromonarchiques.

Dans le souci de s’assurer une couverture politique face aux pressions américaines contre l’Iran et la Syrie, le Hezbollah avait conclu un arrangement électoral tacite avec Walid Joumblatt, chef druze du parti socialiste progressiste, pour lui permettre de remporter la victoire dans la région montagneuse du Chouf dans la première consultation électorale qui a suivi le départ des syriens du Liban, en juin 2005. Le Hezbollah s’est abstenu en effet dans cette compétition là de soutenir son allié traditionnel l’Emir Talal Arslane, le rival druze de M Joumblatt.

Vainqueur par défaut des élections grâce à l’abstention du Hezbollah, propulsé chef effectif de la majorité parlementaire du fait de l’inexpérience politique de son allié, le milliardaire sunnite Saad Hariri, encouragé par ailleurs par les Américains et les Français qui voyaient en lui leur nouvel homme-lige, Joumblatt s’est vécu en chef d’état virtuel d’un état en apesanteur, un vizir à la place du grand vizir.

Une fois assuré de sa victoire, il a voulu faire plier les syriens par le biais de l’affaire Hariri faisant d’une pierre deux coups : venger l’assassinat de son père Kamal, dont il impute l’assassinat à Damas, et s’assurer dans le même temps la gratitude des pétromonarchies du golfe et la protection des Etats-unis à l’époque hyperpuissance invicible du Moyen-orient.

Les déboires militaires de l’Amérique en Irak, la résistivité des mouvements islamistes palestiniens face l’occupation israélienne, de même que le camouflet militaire infligé par le Hezbollah à Israêl ont quelque peu modifié la donne et donner du tonus à l’opposition libanaise. Dans une démarche symétrique à celle empruntée à ses rivaux, l’opposition libanaise a voulu mettre à l’index le premier ministre Fouad Siniora, de la même façon que les anti-syriens, en fait les pro-américains, ont voulu mettre en quarantaine le Président de la République Emile Lahoud.

De sorte que désormais, il existe un divorce entre le pays légal, représenté par la majorité parlementaire, et le pays réel, constitué par les deux principales formations politiques de l’opposition largement majoritaires dans le pays au niveau de la base populaire. Le Hezbollah est en effet la principale formation de la plus importante communauté libanaise, numériquement parlant, les chiites, et le général Michel Aoun, ancien chef du gouvernement libanais, est le grand vainqueur, du coté chrétien, de la consultation électorale de juin 2005 qui a suivi le départ des syriens du Liban.

De surcroît, le Hezbollah et le courant patriotique du général Michel Aoun ont ceci en commun qu’ils n’ont jamais porté les armes contre leurs compatriotes Libanais, ce qui leur donne un prestige certain et une plus grande crédibilité au sein de la population.

Le Hezbollah, fondé en 1982, s’est toujours préoccupé de la guérilla anti-israélienne et Aoun à l’exception du combat pour mettre au pas Samir Geagea en 1988, alors en rébellion contre l’autorité légale, n’a jamais dirigé ses armes, lorsqu’il était commandant en chef de l’armée, contre les musulmans ou la coalition palestino-progressiste de l’époque. En contrepoint, l’alliance Hariri-Geagea-Gemayel-Joumblatt est à proprement parler l’alliance des anciens de chef de guerre et leur principal bailleur de fonds. Une alliance qui a déchiré le tissu social libanais avec leur guerre inter-factionnelle et grevé le redressement économique du pays avec une insupportable dette publique.

Un problème de cohérence intellectuelle et de crédibilité politique se pose pour Walid Joumblatt. Un des rares dirigeants arabes se réclamant du socialisme, il est l’allié du plus important milliardaire du pays, Rafic puis Saad Hariri. Poursuivant de sa vindicte la Syrie qu’il juge responsable de l’assassinat de son père, il accueille désormais à bras ouvert l’ordonnateur d‘un attentat contre sa personne le chef du parti phalangiste, l’ancien président Amine Gémayel.

à suivre

Anonyme a dit…

2) Tribunal international :

A) au niveau constitutionnel et politique :

Le Liban est une démocratie consensuelle. Le fait d’avoir fait passer en force le projet de constitution d’un tribunal international pour juger les assassins de Hariri a constitué une atteinte au pacte national, confirmé par l’accord inter-communataire de TAEF (1989) qui stipule dans son premier article que les décisions qui engagement l’avenir du pays ne sauraient être prises sans l’assentiment des principales communautés libanaises.

Le projet de tribunal international a été entériné par le gouvernement, en l’absence de six ministres représentant la communauté chiite et du Président de la république, seule autorité habilitée à ratifier les traités internationaux. Ce projet, au regard du droit public interne libanais, est donc par son essence caduc et anti-constitutionnel.

B) au niveau diplomatique et géostratégique :

Alors que le Liban est sinistré par près de deux mois d’une guerre inégale contre Israël (Juillet-aout 2006), la mise en avant du tribunal international est un moyen de pression contre la Syrie et ses alliés libanais en vue de les priver du bénéfice moral et diplomatique du camouflet infligé à Israel par le Hezbolah et ses alliés trans-communataires libanais (parti communiste libanais, parti national social) . Il vise aussi à reléguer au second plan le problème de la responsabilité d’Israel dans la destruction du Liban et la complicité des Etats-Unis et dans un degré moindre de la France dans cette opération.

Ceux que l’on nomme « les anti-syriens » sont en fait des pro-américains et pro-francais, qui comptent massivement sur l’aide occidentale et saoudienne pour se maintenir au pouvoir et préserver leurs privilèges. Samir Geagea qui a massacré, sous l’autorité de la famille Gemayel, la famille de Soleimane Frangié, le chef chrétien du nord du Liban, de même Amine Gemayel qui a mené une guerre sans répit contre les Druzes et fomenté un attentat contre Walid Joumblatt en personne, en 1984, ainsi que Walid Joumblatt qui a ordonné le massacre de plusieurs centaines de chrétiens dans la région montagneuse du chouf, sont à proprement parler des « criminels de guerre patentés ».

La proximité avec l’Occident ne doit pas conférer une honorabilité pas plus que la moindre immunité. Dans cette perspective, le martyrologue libanais est devenu un argument de brocante pour la survie d’une classe politique déconsidérée.

Sauf erreur ou omission de ma part, il n’y a jamais eu que je sache de tribunal international pour juger par exemple les auteurs de la disparition de Mehdi Ben Barka en France et Jacques Chirac a fait même du Maroc son lieu de villégiature préféré. Jamais non plus de tribunal international pour juger le président pro-américain Paul kagamé (Rwanda) qui passe pour avoir ordonné la destruction de l’avion du président Habariyama, encore moins de tribunal international pour juger les assassins du juge français Bernard Borel, alors que le président de Djibouti est toujours accueilli à bras ouvert par Jacques Chirac.

Pas de tribunal non plus pour juger le tortionnaire chilien Augusto Pinochet, assassin de Salvadore Allende et ordonnateur du plan Condor, enterré avec les honneurs militaires. Aucun tribunal international non plus pour juger les auteurs de la disparition en 1978 en Libye, de l’Imam Moussa Sadr, chef de la communauté chiite du Liban, Est- ce par ce que la Libye est un pays pétrolier qui s’est rapproché des Occidentaux en dévoilant tout un pan de la coopération nucléaire arabe et musulman ?

La justice internationale ne saurait être sélective, de même que la prolifération nucléaire. La duplicité de la diplomatie occidentale est à l’origine de la grande suspicion que nourrissent les peuples arabes et musulmans à l’égard de la moindre initiative occidentale.

à suivre

Anonyme a dit…

3) Rivalité sunnite-chiite.

Longtemps les chiites ont été considérés comme les meilleurs alliés de l’Amérique et d’Israël, notamment du temps du Chah d’Iran, alors que les sunnites, en leur qualité de fer de lance du combat nationaliste arabe, étaient perçus comme le véritable danger pour l’Occident.

Cela a été le cas du temps du président égyptien Gamal Nasser lorsque le sunnisme s’identifiait avec le nationalisme arabe au point que Nasser, puis Arafat ont été diabolisés en tant que « nouveaux Hitler » du monde contemporain, suscitant des « expéditions punitives » des pays occidentaux à leur égard (Suez 1956 contre Nasser), (1982 siège de Beyrouth contre Arafat par les Israéliens, puis mise en résidence surveillée du président démocratiquement élu de la Palestine en 2003. Ce qui est tout de même un comble qu’un « Prix Nobel de la Paix » soit maintenu en captivité avec la passivité des pays occidentaux et l’approbation tacite des Américains.

Les Etats arabes pro-américains (Egypte, Arabie saoudite, Jordanie, pétro-monarchies du Golfe)) en cautionnant l’intervention américaine en Irak, ont été les principaux fossoyeurs du pouvoir sunnite en Irak et de la montée en puissance du chiisme.

Le Chiisme en Orient est en train de triompher non par sa supériorité intrinsèque, mais par la soumission des dirigeants sunnites gérontocrates des pays arabes, particulièrement ceux du golfe. Ce n’est pas un problème de religion, mais un problème d’éthique de gouvernement. En Palestine, le combat de libération contre l’occupation israélienne est mené exclusivement par des Sunnites que cela soit le Fatah ou le Hamas. Mais la différence entre ces deux formations sunnites n’est pas un problème d‘intégrisme religieux mais d’intégrité politique

Au delà de leurs sensibilités culturelles ou religieuses, sunnites, chiites, maronites, libanais arabes ou kurdes, algériens ou marocains, habitants du Machreq ou du Maghreb doivent prendre conscience du fait qu’ils appartiennent à la même sphère géoculturelle, qui constitue avec l’Amérique latine, l’un des rares foyers de résistance à l’hégémonie américaine dans le monde.

Prendre conscience du fait qu’il existe davantage de complémentarité entre la population de l’ensemble arabe qu’entre un suédois et un portugais, par exemple, ou entre un pêcheur maltais et un plombier polonais.

à suivre

Anonyme a dit…

4)- Le problème de l’armement du Hezbollah

Les Etats-Unis se sont toujours opposés à la constitution d’une force aérienne et navale crédible tant du Liban que de la Palestine, les deux pays limitrophes d’Israël, afin d’accentuer la sécurisation de l’espace stratégique de l’état hébreu. L’occupation de l’Irak et les diverses tentatives visant à neutraliser la capacité nucléaire iranienne relève de cette même stratégie. Mais la démlitarisation relative de ces deux pays limitrophes d’Israël n’a pas pour autant entrainé une sanctuarisation de leur espace vital.

Bien au contraire, Israël a envahi à deus reprises le Liban, en 1978 et en 1982, puis partiellement en 2006, malgré la présence d’une force d’interposition dans la région frontalière libano-israélienne, la Finul, depuis 1978, et le territoire palestinien est soumis à un régime de couvre feu quasi-permanent, masquant une colonisation rampante de la Palestine avec la caution américaine et le silence complice des pays occidentaux.

L’armement balistique du Hezbollah constitue, dans cette perspective, une réplique à l’abdication étatique arabe, en même temps qu’une riposte assymétrique à la volonté de muselage israélo-américain.

Tant au niveau de la démocratie numérique, représentant la plus importante formation paramilitaire de la plus importante communauté libanaise, qu’au niveau de la démocratie patriotique, le Hezbollah, artisan de deux revers militaires israéliens, devrait occuper une place de choix non seulement dans l’imaginaire arabe, mais également dans le discours officiel arabe.

Il était honteux de lui demander des comptes. Il eut été plus judicieux de demander des comptes également à l’Arabie saoudite qui a instrumentalisé l’Islam, ou plutôt la forme la plus rétrograde de la religiosité, comme arme de combat politique contre le nationalisme arabe, des comptes aussi à la Libye qui a abdiqué face au diktat américain sans coup férir, en une sorte de capitulation en rase campagne, alors que Kadhafi avait assourdi la planète pendant un quart de siècle de ses imprécations révolutionnaires anti américaines. La liste n’est pas limitative.

à suivre

Anonyme a dit…

5) La France : Confier les rênes de la diplomatie française à un des auteurs de la loi sur le « rôle positif de la colonisation » marque la déconnexion de la France des Affaires du tiers-monde

L’histoire est impitoyable avec les êtres à qui le destin aura souri deux fois dans leur existence. De plain-pied Jacques Chirac appartient à cette catégorie de privilégiés mais s’y distingue d’une manière singulière par un bilan rarement égalé au sein des grandes démocraties occidentales.

Le Roi des Arabes, le proposé au Prix Nobel de la Paix pour son opposition à l’unilatéralisme américain dans le dossier irakien, le champion de la résorption de la fracture sociale, le barrage au fascisme français, apparaît désormais par ses camouflets diplomatiques et la succession de ses déroutes électorales comme le grand perdant sur le plan international, le fossoyeur de l’héritage gaulliste et de la fonction présidentielle sur le plan interne, accablant bilan de l’ampleur d’une double bérézina diplomatique et domestique.

La posture gaullienne de Jacques Chirac tant célébrée par la presse française tant sur l’Irak que sur le Liban ne doit pas faire illusion. Elle s’est résumée en une gesticulation diplomatique sur fond de rumeurs d’affairisme, masquant un alignement progressif sur une diplomatie atlantiste.

Loin d’augurer d’une nouvelle politique d’indépendance, elle s’est davantage apparentée à un combat d’arrière garde d’un président mal élu et décrié dans son propre pays à la recherche d’une sortie honorable pour l’histoire. Un combat d’arrière garde d’un pays en perte de vitesse dans son pré carré arabo-africain, alors que six des états africains les plus proches de la France en Afrique (Côte d’Ivoire, Centrafrique, Congo Brazzaville, République Démocratique du Congo, Gabon et Tchad) paraissent déstabilisés par une guerre civile larvée et que se poursuit sur le plan économique la mainmise des fonds de pension anglo-saxons sur les sociétés françaises cotées en bourse, quadruplant en sept ans leur acquisition, passant de 10 pour cent en 1985 à 43 pour cent en 2003 .

Les repentances furtives à répétition ne sauraient gommer un siècle d’incohérences et de gesticulation déclamatoire, pas plus que les « hommes providentiels » que la France s’est choisie parmi les dirigeants arabes (Saddam Hussein, Rafic Hariri) en guise de substitut à une politique destinée à camoufler une politique de conquête des marchés arabes : De Suez (Egypte) à Bir Zeit (Palestine) en passant par Alexandrette (Turquie), Dimona (Israël), Sétif (Algérie) et Bizerte (Tunisie), par ses alliances successives avec les principaux ennemis du monde arabe, d’abord la Turquie (1920-30), puis Israël (1950-60), puis son hostilité résolue au noyau dur du monde arabo-islamique dans les années 1980, via son alliance irakienne, la France se place, après les Etats-Unis, à égalité avec la Grande Bretagne, comme le deuxième pays cible des attentats anti-occidentaux depuis le dernier quart du XX me siècle.

Que cela soit à Beyrouth avec l’ambassadeur Louis Del amarre, en 1981, et les 58 soldats du contingent français de la Force multinationale occidentale tués dans l’attentat du PC Drakkar (23 octobre 1983) ou l’universitaire Michel Seurat, ou encore à Karachi (Mai 2002) et au Yémen (Octobre 2002) ou enfin sur le sol national avec les 13 morts et les 250 blessés des 10 attentats de Paris (1985-86), le Général Rémy Audran, « Monsieur Irak » de la Direction Générale de l’Armement (DGA), les attentats de 1995-1996, sans parler du long feuilleton de la spirale infernale des otages français au Liban (1985-1988) et en Irak (2004-2005).

De sorte que la France parait désormais faire davantage partie du problème que de la solution des problèmes du monde arabe. Le fait de confier les rênes de la diplomatie française à un des auteurs de la loi sur le « rôle positif de la colonisation », M. Philippe Douste Blazy, à l’époque député de Toulouse (sud de la France), marque d’ailleurs la déconnexion de la France des affaires du tiers-monde.

à suivre

Anonyme a dit…

suite et fin :

6) La sortie de crise

Il est vain et illusoire de compartimenter les problèmes, de découpler le conflit d’Irak de celui de la Palestine ou du Liban. Les combats croisés menés par l’Amérique pour le compte d’Israël en Irak et d’Israel pour le compte des Etats-Unis au Liban, de même que le propre combat mené par Israël pour son compte avec le soutien américain contre les Palestiniens relèvent d’une même intrication dont l’élément central demeure la revendication nationale palestinienne à un Etat viable, indépendant et souverain.

Il est tout aussi vain et illusoire de jouer la division des peuples dans l’adversité et de considérer comme « renégats » une fraction de la communauté arabe, le Hezbollah, pour cause de chiisme, alors même que dans l’histoire peu glorieuse du monde arabe contemporain ce parti aura inscrit de glorieux fait d’armes au palmarès arabe.

Il importe à l’Arabie saoudite, meilleur allié arabe des Etats-Unis et artisan de deux plans de paix arabe, de sortir de sa frilosité légendaire, son théâtre d’ombre, et de réclamer enfin à son ami américain la contrepartie de sa loyauté, de s’adresser à l’Iran, son rival pétrolier chiite, en vue de négocier les conditions d’un modus vivendi opératoire aussi bien en Irak, qu’au Liban que dans le Golfe visant à une stabilisation de la sphère arabo-musulmane, prélude à des efforts conjugués non vers la neutralisation de la capacité nucléaire iranienne mais vers la dénucléarisation d’Israël et la promotion d’un règlement d’ensemble des problèmes régionaux, en tête desquels le problème palestinien.

Les Arabes ont dépensé mille cinq cent milliards de dollars dans le domaine de l’armement au cours du dernier quart du vingtième siècle sans se doter ni de la capacité nucléaire, ni de la capacité spatiale ni d’une capacité de projection de force. Plutôt que d’ameuter la planète de leurs jérémiades, ils seraient avisés de prendre exemple sur l’Iran et de se doter d’une capacité de dissuasion à l’effet de forcer le respect des autres pays du monde.

Anonyme a dit…

Voici une analyse de la suite des évènements du 12 juillet 2006 .

L’année 2007 pourrait être une année charnière pour le Moyen-Orient (partie 1/2)
Par Julien Pelissier
jeudi 25 janvier 2007


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L’année 2007 est une année charnière pour la politique américaine au Moyen- Orient puisque l’administration Bush est poussée à revoir ses priorités et à penser « l’après Irak ». C’est pourquoi il semble nécessaire d’évoquer en quelques points la situation géopolitique de la région, afin de préciser l’échiquier qui se met en place dans la région du Moyen-Orient, fusse de manière imparfaite et imprécise.

1. De l’Afghanistan au Liban : un désastre de grande ampleur en un court laps de temps

L’accession à la présidence américaine de l’équipe de D. Cheney en 2000, avec l’appui de lobbys financiers et étrangers, a mis à l’ordre du jour de la nouvelle politique étrangère des Etats-Unis une volonté de changement de la carte du « Grand Moyen-Orient ». Les objectifs de ce nouvel agenda peuvent être résumés comme suit : lutter contre le terrorisme, promouvoir le système démocratique occidental, consolider le système géopolitique favorable aux intérêts américains et israéliens, renverser les régimes opposés à l’hégémonie américaine dans la région, assurer le contrôle des ressources en hydrocarbures de la région, empêcher l’émergence d’une puissance régionale.

Six ans après, aucun de ces objectifs n’a été réalisé loin s’en faut. Il semble aujourd’hui que le principal défaut de cette politique est d’être restée trop floue dans la définition de ses objectifs, des moyens pour y parvenir et de n’avoir pas dissipé les contradictions de la politique américaine en terme d’alliances régionales et de légitimité morale, alors que cela était la condition primordiale pour espérer le moindre succès de ce plan ambitieux.

La crise afghane consacre l’échec d’une démocratisation à l’américaine et de la lutte contre le terrorisme. L’intervention de novembre 2001 est la seule crise récente du Moyen-Orient où l’intervention occidentale bénéficiait d’un mandat du Conseil de Sécurité au titre du chapitre sept de la Charte de l’ONU et par conséquent avait la légalité internationale pour elle.

Malgré cela, outre les difficultés rencontrées pour capturer les responsables du mouvement « Taliban », la coalition n’a pas rempli les objectifs qu’elle s’était assignés, à savoir l’instauration d’un régime politique stable et « démocratique » en Afghanistan, capable de garantir ses intérêts stratégiques et économiques dans la région sur le long terme.

L’Afghanistan est aujourd’hui un narco Etat, exsangue et impuissant à préserver la cohésion nationale mise à mal par les jeux d’alliance complexes capitalisant sur les clivages ethniques et religieux, conformément à la politique anglo-saxonne dans cette région.

Par ailleurs, suite à un revirement de politique de certains acteurs de la coalition, dont les Etats-Unis, le mouvement taliban regagne du terrain notamment dans le territoire dit « pachtoun » contigu à la frontière pakistanaise, depuis qu’il a retrouvé les faveurs de ses anciens alliés et protecteurs. L’Afghanistan est donc devenu grâce à l’intervention de l’Otan le plus grand exportateur mondial d’opium et de terrorisme.

L’intervention américaine en Irak ne s’est pas passée comme le prévoyaient les plans de l’armée américaine. La coalition se délite, avec le retrait programmé de contributeurs de troupes importants, comme l’Italie, l’Espagne, le Japon, la Corée du Sud, la Pologne et surtout, la Grande-Bretagne.

L’occupation américaine de ce pays est remise en cause alors même que l’occupant n’a pas encore pu récolter les profits escomptés de la victoire. Au contraire, l’aventure irakienne du quarteron néo-conservateur se solde par un échec militaire flagrant ainsi qu’un lourd déficit budgétaire. L’armée américaine est dépassée et fait face à une grave crise morale et hiérarchique avec la mutinerie de soldats du rang et la fronde d’une grande partie de l’Etat-major, se soldant par des désertions nombreuses et des démissions médiatiques pour les officiers supérieurs.

Le bourbier irakien se transforme en une affaire politique intérieure délicate pour la nouvelle administration, alors que le peuple américain désire un retrait rapide des troupes d’occupation et que les élections de Novembre ont amené une nouvelle majorité démocrate au Sénat et à la Chambre des représentants.

D’un point de vue régional, l’élimination du régime bassiste irakien par les Etats-Unis, après avoir facilité son accession au pouvoir, soutenu son effort de guerre contre l’Iran et autorisé la répression de sa population chiite et kurde après l’ « Intifada » de 1991, constitue un virement de politique important.

La chute du régime bassiste irakien et de son imprévisible tyran constitue une deuxième victoire stratégique pour l’Iran, qui perd en deux ans deux ennemis dangereux à ses frontières, le régime bassiste de « Saddam Hussein » et le régime Taliban de « Mullah Omar ». A la place, la tenue d’élections légales amène au pouvoir une majorité parlementaire relativement favorable au régime iranien et à sa politique régionale.

La carte politique irakienne est désormais plus conforme à la réalité démographique avec une majorité chiite et deux fortes minorités kurde et sunnite. Quant au gouvernement afghan, il résulte d’un complexe dosage représentatif des multiples sensibilités afghanes au minimum neutre vis-à-vis du régime iranien après une décennie de fanatisme anti-chiite pratiqué par les extrémistes talibans et les wahabbites étrangers .

Au Liban, la guerre de l’été 2006 a littéralement bouleversé les équations stratégiques de la région avec une montée en puissance du « Hezbollah » sur la scène libanaise et de l’arc syro-iranien sur la scène régionale. Enfin, le comportement suspect du gouvernement de F.Siniora pendant les dernières hostilités a fini de porter le coup de grâce à sa fragile légitimité depuis que l’unité affichée de son gouvernement avait implosée suite au départ des ministres appartenant à l’opposition. Aujourd’hui, le gouvernement Siniora ne peut subsister qu’avec le soutien inconditionnel de ses alliés occidentaux et régionaux.

En Palestine, la victoire électorale du mouvement « Hamas » met fin à la suprématie du Fatah sur les institutions renaissantes de ce pays, coupant de ce fait les relais puissants que les occidentaux et les israéliens avaient tissés avec celles-ci depuis les accords d’Oslo. La victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes a fini de convaincre que le processus démocratique n’était pas compatible avec la promotion des intérêts occidentaux qui préfèrent revenir à la traditionnelle politique de soutien aux régimes autoritaires et illégitimes, dépendants de l’extérieur pour leur survie politique et financière.

Dans tous les cas, la diplomatie américaine s’est montrée incapable de promouvoir ses objectifs à long terme à tel point que ses meilleurs alliés régionaux, le « camp modéré » incluant la Jordanie et les pusillanimes monarchies du Golfe, se sont émues publiquement de l’inconstance politique de l’administration américaine dans la région et des conséquences nuisibles que cela pouvait avoir pour la stabilité de la région et la pérennité de l’alliance stratégique qu’ils ont conclue avec les Etats-Unis.

En tout état de cause, le projet de « Grand Moyen-Orient » est aujourd’hui enterré et les Etats-Unis hésite désormais entre revenir à leur politique traditionnelle, qualifié de « pragmatisme autoritaire », et consistant à soutenir des gouvernements à faible légitimité populaire et dépendants de l’extérieur, ou à s’obstiner dans l’imposition d’un ordre américain au travers d’un « wilsonnisme botté », supposant le recours à des interventions militaires capable de renverser les régime politiques hostiles, sans le soutien autochtone nécessaire à un tel changement, afin d’y imposer un des leurs.

2. Entre lubie et réalité : la « Maison blanche » serait-elle schizophrénique ?

Bien qu’aucun effort ne soit épargné pour présenter la situation moyen-orientale sous un bon augure, la réalité sur le terrain diffère du tableau que nous dresse la propagande militaire. Outre l’échec patent de la politique américaine, l’antiaméricanisme populaire et la remise en cause des régimes autoritaires ont gagné du terrain.

Aujourd’hui, pour espérer le moindre succès, toute initiative américaine doit, soit se faire en clandestinité, soit gagner le soutien de pays que l’administration actuelle a elle-même rangée dans ce qu’elle qualifie mystérieusement d’ « Axe du mal ». Ceci alors que les échecs successifs rappelés plus haut ont renforcé la position de l’Iran et de la Syrie, qui constituent aujourd’hui le seul rempart à l’ordre américain, devenu un repoussoir pour les populations autochtones suite au test effrayant de l’Irak.

La population locale assimile la politique américaine à une forme avancée de terrorisme d’Etat. C’est pourquoi, contrairement aux pays de la « modération », qui ont choisi de se plier à l’ordre américain et de nouer des relations diplomatiques, militaires et économiques avec Israël, au risque de perdre toute légitimité populaire, l’Iran et la Syrie ont préféré adopter une politique d’indépendance nationale plus à même de satisfaire les aspirations de leur population.

Par ailleurs, en s’alignant complètement avec l’axe américain, les pays arabes, à l’exception de la Syrie et du Liban, se sont privés des bénéfices résultant de l’effet de balance qu’ils maniaient avec subtilité lors de la guerre froide en terme de rapports de force entre superpuissances. Les Etats-Unis sont encore une super-puissance, mais pas dans la région puisque le Moyen-Orient est devenu imperméable à la propagande américaine, une condition nécessaire au succès de sa politique sur le long terme.

Par conséquent, si l’on considère leurs intérêts nationaux, les régimes arabes ont fait une erreur en accédant à toutes les demandes américaines puisqu’ils n’ont désormais plus rien à offrir pour faire monter les enchères diplomatiques et tirer un profit de leurs options stratégiques contre nature. La réalité est que ces pays sont essentiellement des dictatures accrochées à leur commerce politique lucratif et terrorisées à l’idée de se voir obligées de tenir des élections libres qui amèneraient inéluctablement les partis d’opposition à leur place.

Finalement, les Etats-Unis ont fini par comprendre qu’il n’était pas de leur intérêt de poursuivre les objectifs de politique étrangère qu’ils s’étaient fixés en 2000 et ont abandonné cette politique depuis la victoire du « hamas » en Palestine lors des dernières élections. Aujourd’hui, la lubie américaine consistant à changer tous les régimes résistant à leur domination régionale ne peut se concrétiser que par le recours illégitime à la force brutale des armes, comme ce fut le cas en Irak.

Au contraire, accepter un changement substantiel de politique confirmerait la faillite morale de l’administration actuelle, qui n’a jamais pu retrouvé de crédibilité après avoir justifié ses plans d’occupation par des arguments mensongers et des raisonnements suspects. Même si des rapports inquiétants émanant de sources proches de la Présidence américaine faisaient état de la fragilité psychologique du Président Bush, les échecs successifs sur le terrain, la défaite électorale des républicains en Novembre 2006 et l’opposition de cercles dirigeants à Washington contre la politique inutilement belliciste suggérée à l’hôte de la Maison blanche par l’équipe de D.Cheney, laissaient espérer une correction sévère de son approche régionale actuelle.

Or, le discours du 10 janvier de G.Bush annonce l’envoi de troupes supplémentaires en Irak sans reprendre les préconisations du rapport Baker-Hamilton. Cette décision a immédiatement été rejetée par la majorité démocrate au Congrès. Ceci confirme le caractère schizophrénique de l’équipe en place à la Maison blanche et met en doute sa capacité de jugement quant aux mesures à prendre, compte tenu des nouvelles réalités du terrain.

3. Des dangers imminents qui menacent à l’horizon…

Dans un climat de fin de règne sur fond de crise politique, l’équipe présidentielle caresserait l’ambition de renverser les régimes en place en Iran et en Syrie. Cela ferait partie de la mission messianique dont se faisaient récemment l’écho C.Rice et T.Blair pour « sauver les valeurs occidentales ».

Quelques indices inquiétants renforcent cette hypothèse : l’attaque et le kidnapping répété de diplomates iraniens en Irak par les troupes américaines, l’envoi de groupes aéronavals supplémentaires dans le Golfe persique, l’annonce de la démission de J.Abizaid et de la « promotion » de Pace au poste de chef d’Etat-major interarmé pour mars 2007 tout deux des officiers supérieurs impliqués en Irak et opposés à une offensive américaine contre l’Iran, les « fuites » d’informations selon lesquelles l’armée israélienne se préparerait à des frappes nucléaires tactiques contre les installations et les centre de pouvoir iraniens, l’envoi de troupes supplémentaires en Irak pour contenir l’insurrection chiite, sont autant de signes annonciateurs et de tests pour évaluer l’état de l’opinion publique.

Les menaces proférées par les responsables américains et israéliens sont donc à prendre au sérieux, car même si une telle attaque ne satisfait pas aux critères raisonnables permettant aux néo conservateurs d’espérer atteindre l’objectif déclaré d’une telle intervention, l’état psychologique de l’équipe de D.Cheney depuis l’ « opération » du 11 septembre 2001 et la fragilité politique du gouvernement d’E.Olmert depuis la défaite cuisante de cet été suite à la razzia en territoire libanais, constituent le terreau propice à un dernier recours avant une fin annoncée.

En tout état de cause, le scénario le plus probable qui sera poursuivi par l’administration américaine consiste à générer l’ « arc de crise », une stratégie fièrement prônée par Bernard Lewis et Zbigniew Brzezinski depuis le début des années 1970.

Reprenant une constante de la politique britannique dans la région, notamment à l’encontre de l’Empire ottoman, B.Lewis théorise le concept d’ « arc de crise » dans le cadre de la guerre froide contre l’Union soviétique[1]. Cela consiste à « balkaniser » le Moyen Orient sur la base des nationalismes et des communautarismes des populations autochtones, en créant un collier de petits émirats « islamiques » afin d’alimenter la guérilla contre la présence soviétique dans le Caucase et de stimuler la sécession des républiques caucasiennes.

Cette théorie est publiée pour la première fois en 1979[2], après la victoire de la révolution islamique sur le Shah d’Iran et le début de l’ingérence des deux blocs en Afghanistan. Aujourd’hui, l’ « arc de crise » permet de satelliser de petits « émirats » incapables d’avoir une défense crédible, de contrôler plus facilement les ressources pétrolières de la région, d’éviter l’émergence d’une puissance régionale autre qu’Israël et de réaliser l’objectif « civilisationnel » consistant à empêcher la renaissance du monde musulman au niveau politique, scientifique et économique.

Dans cette perspective, le Département d’Etat travaille à la promotion d’une « coalition des modérés », en fait un ensemble d’états arabes d’obédience sunnites alliés aux Etats-Unis, alors que les services secrets américains apporteraient leur aide aux régimes et aux groupuscules wahabbites pour attiser la dissension entre sunnites et chiites en reprenant le modèle « taliban ». Momentanément interrompu suite à l’occupation américaine de l’Irak, la réactivation du conflit confessionnel sert à la fois à rétablir l’autorité des pays sunnites alliés des Etats-Unis sur la population sunnite et à contrer l’influence grandissante des courants politiques chiites et par conséquent de la sphère d’influence iranienne.



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[1]Voir par exemple : B.Lewis, Race and color in Islam, 1979 et The crisis of Islam : Holy war and unholy terror, New-York, 2003.Lewis réinvente l’idée de « choc des civilisations » dans son article « The Roots of Muslim Rage » (Atlantic Monthly, septembre 1990). Ce thème sera repris et développé par son assistant au Conseil de la sécurité nationale, Samuel Huntington dans un article intitulé « The Clash of Civilizations ? » (Foreign Affairs, 1993) et un livre homonyme.

[2] Time Magazine, “Crescent of Crisis : troubles beyond Iran”, January 1979





Julien Pelissier
Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris
Du même auteur, à lire en ligne sur Oumma.com :


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