Mercredi 23 mai, plus de 10 000 des 30 000 réfugiés palestiniens du camp de Nahr El-Bared ont quitté les lieux après avoir passé trois jours entre les feux de Fatah Al-Islam et de l'armée libanaise. L'Orient-Le Jour a recueilli leurs témoignages
Ils ont fui à pied ou en voiture le camp de Nahr El-Bared pour se réfugier dans le camp voisin de Beddaoui, où des écoles et des mosquées ont été mises à leur disposition. Tout le long de la journée du mercredi 23 mai, le flot de réfugiés se rendant à Beddaoui ne s'est pas arrêté. Arrivés dans ce camp, situé à une dizaine de kilomètres de Nahr El-Bared, ils laissent éclater leur colère contre Fatah Al-Islam, les leaders palestiniens, l'armée et le gouvernement libanais, ainsi que tous les pays arabes. Nés dans des pays d'accueil, ballottés entre des camps, n'ayant que des cartes de réfugiés pour tout papier d'identité, pauvres parmi les pauvres mais tentant de vivre dignement malgré tout, les civils palestiniens ont appris avec le temps et après leurs amères expériences, accumulées depuis 1948, à ne plus s'en remettre qu'à Dieu.
Hier, les rues de Beddaoui – camp généralement calme et tranquille – grouillaient de monde. Il y avait des bus, relevant d'associations libanaises et palestiniennes et transportant des réfugiés qui faisaient la navette entre Nahr El-Bared et Beddaoui. Des hommes, des femmes et des enfants, portant pour tout bagage de petits baluchons ou des sacs en plastique, se promenaient comme pour découvrir l'endroit. Certains d'entre eux étaient encore à la recherche de parents et d'amis. Les civils du camp de Nahr El-Bared ne s'attendaient pas à ce que l'armée libanaise, qui n'a jamais riposté aux tirs de miliciens palestiniens depuis plus de trente ans, réagisse aux provocations de Fatah Al-Islam.
"C'est un complot contre nous. Le gouvernement Siniora et ses partisans veulent la guerre civile. Ils ont eux-mêmes créé Fatah Al-Islam pour déclencher la guerre et accuser les réfugiés palestiniens encore une fois d'être à la base d'événements au Liban. Ils font tout cela parce que nous soutenons le Hezbollah", indique Haytham. Les hommes qui l'entourent acquiescent. Hassan, lui, compare la situation de Nahr El-Bared à celle de Tall El-Zaatar [en juin 1976] "quand les Libanais nous avaient encerclés injustement et massacrés", dit-il. Walid renchérit : "C'est pire que les massacres de Sabra et Chatila [en septembre 1982]".
Hassan, Walid, Haytham et les autres conviennent qu'Ariel Sharon [l'ancien Premier ministre israélien] est plus juste et plus clément que Fouad Siniora. Ils accusent "l'armée libanaise d'utiliser les armes des Américains et des Israéliens", affirment que "l'armée de l'Etat hébreu, contrairement à l'armée libanaise, n'a jamais tué des innocents car elle n'effectue que des bombardements ciblés". L'un d'eux lance encore : "De toute façon, le Liban n'a jamais été indépendant."
Mais le camp de Nahr El-Bared n'abrite-t-il pas des terroristes de Fatah Al-Islam, qui ont tendu des embuscades à l'armée, tuant et égorgeant une vingtaine de soldats dimanche dernier ? Un bon nombre de réfugiés reconnaît que le camp de Nahr El-Bared a été l'otage de Fatah Al-Islam, qu'ils s'attendaient à des accrochages entre le groupe terroriste et l'armée libanaise mais n'avaient jamais imaginé que les combats seraient d'une telle intensité.
Mayssour, qui fait beaucoup plus que ses 56 ans, tient à raconter l'histoire de son fils Ahmad, 24 ans, "victime de Fatah Al-Islam". Le 3 mai dernier, il a reçu une balle perdue à la tête lors d'un accrochage entre un membre de Fatah Al-Islam et un autre milicien du camp. Ahmad a perdu la mémoire et l'usage de la parole. Il est aussi devenu hémiplégique. "L'armée libanaise a agi trop tard. Il fallait qu'elle prenne ce genre de mesures il y a des mois. Les combattants de Fatah Al-Islam sont des criminels, des terroristes, des bouchers. Cela fait plus de six mois, depuis qu'ils sont apparus à Nahr El-Bared, que nous vivons dans la terreur. On ne peut rien contre eux. Ce sont des gens qui n'ont rien à perdre. Ils ont aussi beaucoup d'argent…", dit-il. Il affirme encore que lundi matin, en pleins combats, des gens de Fatah Al-Islam ont égorgé un civil palestinien qu'ils ont soupçonné d'avoir des contacts avec l'armée libanaise.
Mayssour raconte encore que le camp de Nahr El-Bared abritait avant le début des combats plus de 700 terroristes de Fatah Al-Islam. "Ils sont de diverses nationalités. Beaucoup d'entre eux sont libanais. Mais il y a aussi des Palestiniens, des Syriens, des Irakiens, des Jordaniens, des Yéménites et des Tunisiens", dit-il, ajoutant que "l'armée libanaise n'arrivera pas au bout de ses peines, même si elle détruit entièrement le camp."
Ils ont fui à pied ou en voiture le camp de Nahr El-Bared pour se réfugier dans le camp voisin de Beddaoui, où des écoles et des mosquées ont été mises à leur disposition. Tout le long de la journée du mercredi 23 mai, le flot de réfugiés se rendant à Beddaoui ne s'est pas arrêté. Arrivés dans ce camp, situé à une dizaine de kilomètres de Nahr El-Bared, ils laissent éclater leur colère contre Fatah Al-Islam, les leaders palestiniens, l'armée et le gouvernement libanais, ainsi que tous les pays arabes. Nés dans des pays d'accueil, ballottés entre des camps, n'ayant que des cartes de réfugiés pour tout papier d'identité, pauvres parmi les pauvres mais tentant de vivre dignement malgré tout, les civils palestiniens ont appris avec le temps et après leurs amères expériences, accumulées depuis 1948, à ne plus s'en remettre qu'à Dieu.
Hier, les rues de Beddaoui – camp généralement calme et tranquille – grouillaient de monde. Il y avait des bus, relevant d'associations libanaises et palestiniennes et transportant des réfugiés qui faisaient la navette entre Nahr El-Bared et Beddaoui. Des hommes, des femmes et des enfants, portant pour tout bagage de petits baluchons ou des sacs en plastique, se promenaient comme pour découvrir l'endroit. Certains d'entre eux étaient encore à la recherche de parents et d'amis. Les civils du camp de Nahr El-Bared ne s'attendaient pas à ce que l'armée libanaise, qui n'a jamais riposté aux tirs de miliciens palestiniens depuis plus de trente ans, réagisse aux provocations de Fatah Al-Islam.
"C'est un complot contre nous. Le gouvernement Siniora et ses partisans veulent la guerre civile. Ils ont eux-mêmes créé Fatah Al-Islam pour déclencher la guerre et accuser les réfugiés palestiniens encore une fois d'être à la base d'événements au Liban. Ils font tout cela parce que nous soutenons le Hezbollah", indique Haytham. Les hommes qui l'entourent acquiescent. Hassan, lui, compare la situation de Nahr El-Bared à celle de Tall El-Zaatar [en juin 1976] "quand les Libanais nous avaient encerclés injustement et massacrés", dit-il. Walid renchérit : "C'est pire que les massacres de Sabra et Chatila [en septembre 1982]".
Hassan, Walid, Haytham et les autres conviennent qu'Ariel Sharon [l'ancien Premier ministre israélien] est plus juste et plus clément que Fouad Siniora. Ils accusent "l'armée libanaise d'utiliser les armes des Américains et des Israéliens", affirment que "l'armée de l'Etat hébreu, contrairement à l'armée libanaise, n'a jamais tué des innocents car elle n'effectue que des bombardements ciblés". L'un d'eux lance encore : "De toute façon, le Liban n'a jamais été indépendant."
Mais le camp de Nahr El-Bared n'abrite-t-il pas des terroristes de Fatah Al-Islam, qui ont tendu des embuscades à l'armée, tuant et égorgeant une vingtaine de soldats dimanche dernier ? Un bon nombre de réfugiés reconnaît que le camp de Nahr El-Bared a été l'otage de Fatah Al-Islam, qu'ils s'attendaient à des accrochages entre le groupe terroriste et l'armée libanaise mais n'avaient jamais imaginé que les combats seraient d'une telle intensité.
Mayssour, qui fait beaucoup plus que ses 56 ans, tient à raconter l'histoire de son fils Ahmad, 24 ans, "victime de Fatah Al-Islam". Le 3 mai dernier, il a reçu une balle perdue à la tête lors d'un accrochage entre un membre de Fatah Al-Islam et un autre milicien du camp. Ahmad a perdu la mémoire et l'usage de la parole. Il est aussi devenu hémiplégique. "L'armée libanaise a agi trop tard. Il fallait qu'elle prenne ce genre de mesures il y a des mois. Les combattants de Fatah Al-Islam sont des criminels, des terroristes, des bouchers. Cela fait plus de six mois, depuis qu'ils sont apparus à Nahr El-Bared, que nous vivons dans la terreur. On ne peut rien contre eux. Ce sont des gens qui n'ont rien à perdre. Ils ont aussi beaucoup d'argent…", dit-il. Il affirme encore que lundi matin, en pleins combats, des gens de Fatah Al-Islam ont égorgé un civil palestinien qu'ils ont soupçonné d'avoir des contacts avec l'armée libanaise.
Mayssour raconte encore que le camp de Nahr El-Bared abritait avant le début des combats plus de 700 terroristes de Fatah Al-Islam. "Ils sont de diverses nationalités. Beaucoup d'entre eux sont libanais. Mais il y a aussi des Palestiniens, des Syriens, des Irakiens, des Jordaniens, des Yéménites et des Tunisiens", dit-il, ajoutant que "l'armée libanaise n'arrivera pas au bout de ses peines, même si elle détruit entièrement le camp."
Patricia Khoder dans L'Orient Le Jour