Il y a quelques jours je vous ai raconté l'histoire de mon petit A de façon brêve...j'avais écrit deux versions du post. Je cède à la mode des bonus sur les DVD et autres versions longues pour vous faire profiter de la version longue/"director`s cut" de ce post.
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Avec un enthousiasme certain, je me dirige ce 31 janvier 2007 vers le service des urgences pédiatriques de l’hôpital d’E. afin de prendre ma garde et ainsi libérer mon confrère. Le début de mon récit peu sembler un peu sarcastique mais je dois avouer prendre un plaisir non dissimulé à cette expérience particulière que sont les urgences pédiatriques. Mon enthousiasme habituel est par contre bridé par le fait que cette garde soit la 4e en 8 jours…Foncièrement je commençai à peiner…
Le début de cette garde est donc comme toutes les autres avec son lot de bobologies, gastros, otites et autres rhinites. Le seul souci majeur était que je disposais d’1 lit d’hospitalisation, et encore ce lit n’était pas un lit officiel, mais bien le lit « on pousse les murs ». De façon quasi concomitante, je reçois deux enfants avec une gastro-entérite, fort fort déshydratés que j’ai dû garder après expansion volumique (en sus d’une rehydratation IV, il va de soit) et « hospitaliser » sous forme de lits portes virtuels dans 2 de mes 4 box d’urgences…La nuit continue à s’écouler avec une possibilité de travailler dans 2 box sur les 4 quand je reçois un petit garçon, A. , 2 ans. À l’arrivée il est déshydraté, il a perdu 3 kg en 4 jours, il urine beaucoup et bois beaucoup selon ses parents…Voilà, pour faire court au total il est en acidocétose comme mode de découverte d’un DID. La partie médicale ne m’affole pas outre mesure et est gérée. Par contre ma difficulté majeure à été lors de l’annonce du diagnostic à la famille. Je me suis senti désemparé, perdu, aussi affecté que les parents…j’ai été frappé par le diagnostic quand j’annonçais aux parents…
Nous nous installons dans un bureau tranquille … je me lance … Quelle que soit la façon de tourner les choses la conclusion reste indubitablement la même « Monsieur, Madame, votre fils de 2 ans a une maladie qu’il va avoir TOUTE SA VIE » … Pas évident à faire comprendre et même à admettre en tant que soignant. Dans un premier temps ça ressemble à la chronique d’un constat d’échec annoncé… « je sais ce qu’il a madame, on sait équilibrer sa maladie mais on ne va pas/peu pas la faire disparaître». Et puis je n’annonce pas ça à un adulte qui a déjà vécu des choses et qui va devoir s’adapter, j’annonce ça à un enfant qui va le reste de sa vie ne pas pouvoir faire comme les autres : le gouter chez ton copain ? oui mais alors tu va manger ce que je vais te donner, Oui tu peux allez en balade mais prend ton pain, ton sucre, ton appareil à dextro, ton ampoule de glucagon etc etc… sympa pour un enfant…J’explique la maladie aux parents, je prends mon temps avec eux, il est hors de question de faire ça à la va vite. Et c’est à ce moment-là que le papa m’annonce qu’il se sait depuis près de 5 jours qu’il est lui-même diabétique, cette fois de type II … Ils ont été admirables.
Depuis mon petit A. est resté 3 semaines avec nous et est rentré chez lui, je l’ai revu ce matin pour sa consultation hebdomadaire pour bien affiner les derniers réglages de sa pompe. Ces consultations n’ont lieu qu’avec moi, A. est devenu mon petit protégé, je m’y suis attaché. La maman a d’ailleurs bien vu que je lui avais fait la tête le jour où elle était venue avec le carnet de surveillance SANS A. ! Non mais quelle idée saugrenue! Il est d’ailleurs rigolo d’entendre la maman raconter qu’à la maison il met les lunettes de maman sur son front (comme je fais la majorité du temps) et regarde ses parents en disant « youyou » (surnom dont les enfants m’affublent également).
Enfin, voilà, have a nice day et enjoy!